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juste pour les mots

Fondus dans le décor

Publié le par mapie

Cette mer immense au roulis perpétuel  qui fait vibrer votre corps puis qui se mue en vous..
Cette mer immense au roulis perpétuel  qui fait vibrer votre corps puis qui se mue en vous..

 Je crois que je fonds. Je me fonds dans le décor.

Vidée, je me perds dans un champs - comblée, je me coule dans les eaux fraiches de l’océan - puissante, je respire l’air pur de montagne à grandes goulées, - fragile, j’embrasse l’arbre dans la forêt. Et j’ai le sentiment que c’est à ces instants, lorsque l’on se sent particulièrement vivant, que  nous sommes le plus près de ou le plus prêt à nous fondre dans le décor.

Tout serait si facile si au lieu de mourir brutalement après de plus ou moins longues souffrances infligées aux autres, a minima à soi, nous disparaissions progressivement , en nous fondant naturellement  dans le décor. 

Nous deviendrions un peu plus transparents ou plus lumineux aux yeux des autres, de façon à ce qu’ils s’accoutument sans avoir de regret. Ils seraient les témoins confiants de notre maturité à savoir les quitter. Puis nous ne serions plus que présentement invisible,ou éblouissant d’absence.. je ne sais.
Mais là - quoiqu’il en soit - quelque part - fondus dans le décor.

 

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Tomberont les feuilles

Publié le par mapie

 


La ronde étourdissante des bonheurs à venir,
en toute impunité, efface les souvenirs.

J’ai du rater l’été.

Car s’il m’est souvenance de bourgeons prometteurs, c’était en mai dernier…  
Autant dire quelques heures… Tout passe si vite.

Les semaines sont un jour - Et mes enfants sont grands.

Pas question que je vieillisse , du fait que d’autres grandissent. 

Je n’en ai pas le temps.

Dans 10 minutes, ce sera l’hiver puis viendra le printemps… puis… tomberont les feuilles… à nouveau….
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Balade sylvestre

Publié le par mapie

L’humus détrempé par l’orage de Mai feutre mes pas. Encore non essorées, les branches pèsent sous les gouttes, se referment sur moi et  forment l’écrin sauvage du chemin.
Je suis de cette nature, les arbres me l’ont dit.
Leurs bourgeons d’un vert tendre participent à la plénitude  que je viens chercher ici.

Sous le rayon timide de fin de journée, un parterre naturel s’est improvisé et du muguet m’accueille comme une amie. Il m’offre quelques brins dont je fais un bouquet avec la gratitude de celle qui n’attendait rien.

Je touche l’écorce des arbres que je croise, je suis à deux doigts de leur dire deux mots. Mais, ils m’impressionnent. Imaginez seulement qu’ils me répondent... alors muette, je guette les écureuils qui jouent. Si la vie me quitte en douceur, je sais où venir puiser encore un peu de force pour lutter. Il y a dans cette nature, la sève dont se nourrissent les sages.

Je n’irai pas câliner un grand chêne, ni même embrasser un pissenlit.. non je ne suis pas assez démonstrative pour cela , mais je ramasserai des pommes de pain et des glands, je caresserai les feuilles et j’humerai les senteurs, je prendrai des photos, contemplerai les couleurs, aiguiserai mes sens pour ancrer mes racines.

Car je suis de cette nature. Les arbres me l’ont dit.

 

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Il n’y a pas photo

Publié le par mapie


 

Il faisait beau et frais et j’ai pris la photo.

Rien d’extraordinaire- et pourtant cette impression ténue que ce qui’il m’est tenu de regarder, mérite d’être apprécié beaucoup plus qu’il ne l’est.

Cet arbre colonisé par le gui est si beau.

Il nourrit les oiseaux et nous prête à penser que seule l’imperfection permet le lâcher prise, et qu’en soit, c’est un don de savoir accepter d’être parasité. Nul schéma n’est parfait.

Car il n’y a pas photo, si les  baies blanches nacrées ont altéré cet arbre, il domine les autres, et dresse ses pompons avec l’élégance de ceux qui participent à la diversité.

je sais ça fait cliché... mais... j’ai pris la photo et elle voulait parler.


 

 

 

 

 

 

 


 

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Inutile d’effacer 2020

Publié le par mapie


 

Sans vouloir me précipiter dans le défaitisme, si tout se joue dans les 365 premiers jours... il y a fort à parier que cette année 2020 ne sera pas embauchée pour figurer dans le palmarès de nos plus belles années!

Inutile néanmoins d’essayer d’effacer le passé... certaines années sont plus... pourries que d’autres😢, voilà tout...

A tous ceux que nous n’avons pas assez vus cette année  
Sortez de votre terrier, l’hiver a trop duré! ( enfin avant...faites vous vacciner..)

A tous ceux qui nous ont quittés, votre non-présence n’induit pas votre absence.

Vous êtes dans nos coeurs et au coeur de nos vies aujourd’hui et demain, et pour cela je voudrais vous remercier, car on est moins seul sur le chemin.

 Chaque année vaut d’être vécue, et si 2020 fût plutôt  moisie, elle n’en demeure pas moins l’année qui nous permettra de vivre 2021. Alors je ne sais pas pour vous , mais moi, ça me laisse entrevoir une jolie lueur d’espoir!

(et puis... N’est ce pas l’année qui nous aura permis d’éradiquer un virus blond à grosse mèche et ses nombreux tweets? Tout de même !!! Ça compte ça!!!)

 

Donc essayons de ne pas trop la condamner cette fichue année, et appuyons nous sur elle pour entamer la nouvelle avec sagesse, responsabilité, et surtout bonne humeur et envie!

Belle année 2021 à tous!

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A un cheveu...

Publié le par mapie

Ecrire un texte commençant par « rien ne serait arrivé si je n’avais pas changé de coiffeur... » 

 

 

 

Rien ne serait arrivé si je n'avais pas changé de coiffeur, d’ailleurs...

je n’ai pas vraiment changé de coiffeur..

j’ai juste fait ce que l’on appelle une incartade, un pas de côté...

Moi, ce que je voulais c’était un sac. J’aime les sacs. Vous ne trouvez pas qu’ils finissent une tenue comme rien d’autre?

 

 

L’inspecteur me regardait avec un air mi-exaspéré, mi-désespéré. Une cause perdue, voilà l’image que, de toute évidence, je lui renvoyais.

 

- Bon madame Maisonneuve, allez-vous me dire enfin pourquoi  vous êtes allée dans ce salon de coiffure?

 

Appelez moi, finette! Ça fait deux heures qu’on papote, il m’en faut moins pour nouer des liens forts!

Honnêtement , je ne sais pas très bien pourquoi. Je dirais que ce salon de coiffure m’a, pour ainsi dire «fait de l’oeil ».

Il était coincé entre un vendeur de téléphones rereconditionnés et un restaurant libanais vantant ses couscous à emporter!
Je me suis dit... « celui-là, il doit avoir quelque chose de plus que les autres pour supporter une telle adversité.. » 

Et puis au dessus des affiches publicitaires avec des femmes aux cheveux sublimes, lisses et brillants de couleur miel, roux ou noir, il y avait  en caractère italique et gras, cette phrase improbable:

« ici on coupe tout sans rendez vous »

 

J’ai tout de suite imaginé le coiffeur coupant l’eau, l’électricité, les ponts, les portables, la parole ou mieux encore coupant le mal à la racine... Ce qui pour un coiffeur était très prometteur!

J’ai adoré l’idée. Alors j’ai passé une tête, en espérant toutefois qu’il ne me la couperait pas..

 

Un type à la boule à zéro brushait les cheveux d’une cliente. Il me fait un bref sourire et une minette me tire vers l’intérieur en me disant que j’ai le poil terne et lourd et qu’elle a une furieuse envie d’y remédier.

Ni une ni deux, je me retrouve assise dans le salon, une pile de magazines dans une main et un café tiède dans l’autre...

Vous me direz que je n’avais qu’à couper court à la conversation et filer chercher mon sac dans une maroquinerie digne de ce nom. Si je puis me permettre , il s’en est fallu d’un cheveu... Mais c’est le coiffeur qui était sensé  tout couper, pas moi, donc je suis resté.

 

Et puis le grand sans cheveux, il sait y faire! Il  m’installe et s’applique  à  travailler mon petit carré lissé un peu effilé sur les côtés... faut voir comment il vous bricole une nouvelle tête en quelques minutes. Non franchement, il a du mérite!

 

- ok ok mais après? .... Il se passe quoi après ?

 

Ah oui pardon, après... ben, c’est là qu’il va vous falloir entrer dans la psychologie du personnage.. à savoir ma psychologie .

 

- Allez-y , on commence presque à vous cerner...

 

En fait, pour un coiffeur, il n’était pas hyper bavard Yul Brynner... charismatique certes ,  mais limite inquiétant. Il avait un petit sourire en coin et des yeux en conflits avec leur envie d’en dire long.

Du coup, j’ai fait ce que mon psychisme  me pousse à faire en cas de malaise , j’ai joué le grand jeu.

Je  lui ai demandé , en tapotant sur le miroir ( un truc de polar, pour voir s’il sonnait creux) si les glaces du salon étaient sans tain, si c’était vrai que derrière, se trouvait un réseau clandestin,ou  pire encore ..  un trafic de cheveux coupés en quatre. Moi je me trouvais plutôt  marrante, mais lui ne riait pas vraiment, et c’est là qu’il  m’a fait passer un peu nerveusement  au bac à shampoing.

Je suis souvent d’humeur joueuse, alors j’ai commencé à imiter les flics dans les séries télé du dimanche soir

 

- Oui bon, mme Maisonneuve, faudrait voir à ne pas trop se moquer de nous, si vous ne voulez pas passer la nuit au poste!

 

Oups pardon, mais enfin vous voyez ce que je veux dire...  Je prenais à partie les clients en les interrogeant  un à un sur leur vie  et leur emploi du temps...franchement , c’était drôle !  Il y avait cette dame allergique aux graines de sésame qui n’en finissait plus de nous expliquer les effets dévastateurs sur son transit, et ce type dont le salon donne sur les bureaux du crédit agricole, une mine d’informations...  Le monsieur qui vient chaque mardi et vendredi pour un rafraîchissement de sa coupe  s’est mis à parler aussi..  C’était fou... il parait qu’en deux ans de temps, c’était la première fois qu’il se mettait à table. Vous savez que ce type s’assoit toujours à côté de la porte de sortie et reste juste une quinzaine de minutes, le temps d’un coup de peigne, et de donner la  pièce à la shampouineuse? Avouez que c’est louche!

 

- Et il a dit quoi, ce type?

 

Il a  dit qu’il fallait qu’il file gérer un problème « d’herbe coupée sous le pied »

Mais avant cela , pendant le temps de pause de mon masque hydratant à l’huile de jojoba ,  il a  donné la pièce à  sa shampouineuse,  et m’a glissée une carte dans la main avec un «au plaisir »  hyper courtois... je me suis dit, j’ai une touche, surtout que son 06 était rajouté au feutre et suivi d’une astérisque colorée . J’étais un peu flattée mais surtout gênée, d’autant que vous en conviendrez, ce n’est pas franchement un perdreau de l’année!

 

Yul a fini mon soin et c’est là  que la petite shampouineuse me conseille avec insistance une bouteille « d’anti-démêlant ». Je sais, c’est particulier, mais quand vous avez les cheveux plats, il faut les crêper si vous voulez du volume! Enfin, c’est ce qu’elle m’a dit, mais avec le recul j’imagine que je suis la seule à qui l’on ait vendu ce produit...

 

- Restez focus, Maisonneuve , la suite! L’inspecteur était à bout, limite grossier.

 

Sur la bouteille d’anti-demêlant , un même astérisque avait été apposé à côté de la mention « produit exclusif, en cas de réclamation adressez vous au numéro indiqué.. »

Bon, figurez- vous que le flacon était vide, complètement vide.
Donc dès le lendemain,  j’appelle le numéro indiqué sur la carte, une personne me donne rendez-vous au pied de chez moi.

Là, trois types en costumes cravates et sneakers derniers cris me prennent un peu fermement par les bras et m’emmènent en berline dans un local  qui sentait une forte odeur de ... jojoba.

 

 

- Non Maisonneuve, pas de jojoba... de feuilles de cannabis!!

 

- Ah si inspecteur, je vous dis! Du jojoba!

 

Le client du mardi et vendredi  me reçoit et m’explique que je suis très forte. Qu’il a aimé mon approche originale et que mon franc-parler lui plaisait. Que ma manière de l’alerter sur le fait qu’il était  surveillé  et que son trafic était sur le point d’être démantelé était brillante, et donc qu’il souhaitait faire affaire avec moi, si toutefois j’acceptais d’intervenir sur d’autres marchés un peu plus risqués. Ceux des quartiers nord et Est de l’hexagone...

Personnellement je n’y comprenais rien, mais je n’ai pas chercher à le contredire.. il était «quatre » et moi une...

 

- D’accord..., donc vous êtes en train de m’expliquer que vous avez réussi à vous faire une place dans le trafic de substances  illicites qui fait trembler le « milieu »  et que nous  essayons d’infiltrer depuis 18 mois. Tout cela parceque vous avez tapé  la discute dans un salon de coiffure ? Et vous lui avez répondu quoi au caïd?

 

 

Je... ben... moi cette histoire de glace sans tain, c’était juste pour réchauffer l’atmosphère... je ne pouvais pas savoir... je lui ai donc dit  la vérité, à savoir que ce que je recherche en réalité, c’est plutôt un beau sac à main... et là il m’a répondu qu’on allait en reparler.. que si ce qui m’intéresse c’est le trafic de peaux.. il pouvait me trouver de jolis sac en crocos...

 

- Je le savais! Je le savais! Ce type est un gros poisson! Il trafique large! vous êtes consciente Maisonneuve que vous êtes en garde à vue pour avoir fait capoter l’une des plus grosses interventions de ma carrière ?

 

je ... je ne comprends pas... Vous étiez derrière la vitre sans tain? C’est bien cela? Parce que c’est vrai qu’il sonnait creux ce miroir, n’empêche!

 

- Oui, deux fois par semaine depuis 18 mois à surveiller les agissements du caïd, et vous arrivez la gueule enfarinée pour donner un coup de pied dans la fourmilière! 

 

Je suis un peu, désolée... Et du coup, puisque vous étiez derrière le miroir, ma coiffure, sincèrement, vous en avez pensé quoi? Il a un certain talent ce Yul non?

 

- Pfff  - L’inspecteur lève les yeux au ciel, fatigué - Yul, c’est mon collègue... vous me saoulez avec votre coupe de cheveux!

 

Ah... et si je vous donne l’adresse où j’ai rencontré le client du mardi, vous me direz ce que vous avez pensé de mon carré effilé?  Parce que moi , je sais où il loge , l’animal...  Il est dans les locaux d’approvisionnement des salons de coiffure de la capitale... Un coup de google et c’est dans la poche....

...

 

Dites, je peux y aller maintenant ? Parce que j’ai toujours pas trouver mon sac... 

Ah et au fait, la petite phrase en gras...  rien à voir avec ce que je pensais. C’est une histoire de blanchiment  : un système de petites coupures remises à la shampouineuse pour faciliter les transactions.
Ah ces commerces de proximité ! 

 

 

- ok Delphine Maisonneuve, vous signez ce procès-verbal et vous pouvez y aller. Mais rester dans le coin, on pourrait avoir encore besoin de vous.

 

Appelez moi finette! Au plaisir monsieur l’inspecteur!... dites , je me demandais une dernière chose...Yul , il est derrière la vitre sans tain là?

 

-........

 

 


 

 

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La trempe d’un trump

Publié le par mapie

 

Trump

mon nom est bob Trump...

 

Ça sonne bien Bob.  Bref et sourd, comme une reprise  de  balle au bond... Ma mère  dit que je suis venu direct au monde, en une seule contraction...que quand bien même « Robert » aurait souhaité se présenter,  « Bob » l’aurait coiffé au poteau! C’est dire...si mon prénom mérite sa contraction !!

 

 

Comme tous les autres, vous vous dites que Bob, ça sonne américain , que  je suis pistonné. que je suis  de ceux qui  naissent  sur le green, le cigare a la bouche et le club à la main... En cela, vous avez presque raison.

 

Plus jeune, j’étais  « caddie » au golf de Marne la Vallée et je me débrouillais bien en revendant les balles perdues  sur les chemins alentours..

Certains me disaient que j’avais un sens des affaires hors du commun surtout  quand je leur revendais leurs propres balles que j’avais signées des lettres B et T entrelacées.

Il me disaient en riant:

« Bob tu es de la trempe de ceux qui ont de l’or entre les mains! »

Et je leur répondais:

« de la trempe d’un Trump »!

 

Et puis, un succès en entrainant un autre, je suis devenu le boss de ma cité. J’ai monté une affaire de squat dans les parkings, vraiment fleurissante. Le principe est assez simple. Tout est une question d’entregens. J’ai un réseau de squatteurs qui me développent un réseau de « propriétaires indignés »auxquels j’offre une prestation de location de leurs propres parkings « réservés et sécurisés ».

Dans ma cité, j’ai à moi seul, pour ainsi dire, créé le plein emploi.

D’ailleurs quand les  propriétaires  satisfaits me disent:

« Bob, tu es de la trempe des meneurs! »

Je leur réponds:

« oui de la trempe d’un Trump »!

 

 

- numéro 164 - Monsieur Bob Trumpeski?

- c’est moi

- Avez vous enfin commencé à chercher un emploi?

- Euh... pour l’instant non... je ne suis pas en plein accord avec mon employeur quant à mon licenciement...

- Mr Trumpeski... Vous n’avez pas d’emploi juste quelques affaires illégales à cesser!  faudrait commencer à vous y faire!

 

 

Oh, je sais bien ce que vous vous dites .

Ce Bob Trumpeski nous a raconté des histoires.

Il n’a ni le nom ni le moindre lien avec la famille Trump.

Mais vous savez, n’est pas Trump qui veut. Il faut pour cela, avoir la trempe d’un Trump.

 

 

Trumpeski

Mon nom est Bob Trumpeski.

 

Et Je suis en toc.

Normal, on dit que « je suis de la trempe d’un... »

 

 

 

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Cendrillon

Publié le par mapie


 

 

 

- Adrien, vas te changer. Pas de jean noir sur mon cuir blanc!

 

 

- Sérieux papa?  D’abord ce n’est pas du cuir, c’est vegan!

 

- Oui, justement, c’est fragile ...  Tu vas te changer! Mets ton jogging blanc, tu seras raccord avec les sièges.

 

- Isa, dis à ta fille que sa jupe à fermeture éclair sur les fesses est une idée stupide... Franchement... Qui est assez bête pour se dire un jour  « tiens je vais fabriquer une jupe et je vais lui coudre une fermeture éclair sur le cul, histoire de rayer tous les canapés et selleries où je me poserai... »

 

- Ben, moi je trouve que c’est plutôt mignon et un peu sexy.. et puis tu n’as pas besoin d’être vulgaire pour autant!

 

-  mm , ok,  Dis lui tout de même d’enfiler son legging gris... gris clair! Dis lui bien, le clair!

 

- Ok ok , Sinon... tu veux que maman enfile un babygros bleu ciel et moi ma combinaison en cotonnade vert d’eau? Non, parce que si l’idée d’utiliser la nouvelle voiture pour faire 200 kilomètres  te rend malade à ce point, on peut toujours partir à vélos...

C’est juste un week end Alex, pas les grandes vacances, inutile de stresser comme ça.

 

Intérieurement Alex fulmine. C’est vrai qu’il est un peu tendu.

Il le voulait ce petit week end en famille, d’ailleurs c’est même lui qui l’a  proposé dès l’acquisition de son nouveau jouet: une tesla modèle S grise, intérieur blanc. Un vrai bijou de technologie dont il ne cesse de rabattre les oreilles à qui veut l’entendre.

La route devait être sympa... belle voiture, belle sono, belle destination , belle-maman...

Ben oui..., belle maman, pour tester les cinq « vraies » places.

 

 

Alex démarre la voiture en silence, direction le Loir et Cher... 237 kilomètres à faire d’une traite,  embouteillages compris.  Il tapote sur son écran, prend un air entendu, active la sono et après une longue inspiration, dodeline de la tête au rythme de la musique , histoire de se persuader faute de convaincre  ses ados que oui, il est cool. Définitivement cool.

 

De son côté, Isabelle discute avec sa mère les yeux rivés sur le miroir de courtoisie pour ne pas se tordre le cou... pendant que les deux jeunes sélectionnent les titres à ajouter à la nouvelle playlist baptisée « we avec les darons ».

 

Perdu dans ses pensées , Alex est satisfait. Elle est bien cette voiture... Elle conduit presque toute seule... Il se détend, replie ses jambes quelques minutes pour caler son assise et bute abasourdi sur un objet mobile sous son pied gauche.

 

Alex est un taiseux... quand il ne râle pas, il pense...et là à cet instant précis, il cumule les deux... il râle en pensant:

Mais c’est quoi ça?... C’est hyper dangereux ... ils vont m’entendre chez Tesla, on laisse pas des objets trainer sous le siège conducteur....

 

Il est comme ça Alex, nerveux et réactif quand il s’agit de pousser un coup de gueule. Cependant, trop fier de sa nouvelle acquisition, il évite aujourd’hui de faire la moindre réflexion devant les passagers qui pourraient trouver plaisant  de tourner en dérision son air dépité...

 

 

Il fait chaud.

Soudainement  vraiment très chaud dans cette berline.

Alex  s’agite sur l’écran central pour régler la climatisation. Il faut qu’il réfléchisse... vite et bien.

Isa ne porte pas d’escarpins.. plus depuis qu’il a mimé sa démarche en empruntant une paire d’échasses au barbecue des voisins.

 

Mais alors, si ce n’est pas la chaussure d’isabelle, c’est donc forcément la chaussure de...

 

- « Cendrillon! »

 

Le mot est sorti de sa bouche, comme un hoquet... naturel, irrépressible, incongru, stoppant net les activités et les conversations de  l’équipage. La voiture elle même  aurait pu s’arrêter nette. 

 

Isabelle regarde son mari avec un sourire moqueur: 

- pardon? Tu as dis quoi?

 

- Il a dit « Cendrillon »!

 

- Oui, maman j’ai bien entendu qu’il a dit « Cendrillon «  mais pourquoi il a dit «  Cendrillon » ?

 Pauline et Adrien fixent leur père avec l’air de condescendance typique des ados regardant leurs parents.

 

 

Alex est piégé, bêtement  pris dans une toile ... quatre paire d’yeux le fixent en attendant sa réponse... s’il ne trouve pas la bonne répartie, c’est sûr , l’araignée familiale va le dévorer..

 

« Cendrillon »... Ce mot lui est sorti des lèvres en repensant à la soirée de la veille.. une « private joke » entre son assistante et lui, lorsque celle-ci avait

retiré ses escarpins pour chevaucher son corps sans risquer d’abimer la nouvelle berline...

Il se souvient lui avoir dit, un peu trop excité , qu’il courrait tout le royaume pour la retrouver,  si elle venait à perdre une chaussure dans la voiture....

Saleté de Cendrillon ! ... Il allait falloir jouer serré ...  On était loin du conte de fée.

 

Heureusement Alex a de la répartie, il fredonne:

« Cendrillon pour ses vingt ans est la plus jolie des enfants... »

C’est bien cendrillon de Jean Louis Aubert... ça non?  
Ben voilà... je ne comprends pas, normalement la voiture doit pouvoir trouver le morceau quand je lui donne le titre...

 

- Ah ok répond  Isa,  touchée par l’intention de son mari - Isa a toujours adoré cette chanson... - mais alors il faut demander Telephone, c’est le groupe Telephone qui a joué  ce morceau... 

 

 

Trop fort cet Alex...  Il a sauvé la face.  Ne reste plus qu’à être suffisamment malin pour se débarrasser discrètement  de l’objet compromettant.

 

Tandis que  Téléphone résonne dans la voiture, Alex s’escrime à pousser la chaussure sous son fauteuil conducteur décidément trop bas ...

 

Aucune place... l’ escarpin est immense ...un vrai paquebot..

Il  aurait pourtant juré que son assistante chaussait du 38.... C’est fou, on ne chausse pas du 43 quand on a des jambes de gazelle.

Du bout du doigt, il attrape le talon et commence à forcer sur l’înterstice entre son fauteuil et le cadre de sa ceinture... et là c’est le craquement , désolidarisé du reste de la chaussure le talon reste fiché dans l’interstice.En un geste désespéré, Alex appuie sur le talon qui en se détachant accroche le cuir...

 

Alex est fou.  Il s’agite , tate fébrilement le rebond latéral de son fauteuil, une larme coule le long de sa joue. Un L d’au moins 2 cm, à vue d’index, balafre le cuir neuf.


 Pendant ce temps, Isa chante à tue tête:

«  je rêvais d’un autre monde... où la terre serait ronde.... » 

Tout l’album allait  y passer... Alex devait se rendre à l’évidence, ce trajet en voiture le menait droit au purgatoire... pour mauvaise conduite.

 

Décidé malgré tout, à se sortir  coûte que coûte de cette impasse, Alex attrape le talon et l’insère dans la déchirure jusqu’à ce qu’il disparaisse... Il a la nausée mais il ne lâche rien... le coussin est déchiré sur plusieurs centimètres ...

 

«  ouiiii je  voulais tout foudre en l’air .... » 

 

Tandis qu’il  s’agite sans fin, la voiture l’interpelle d’un bip prolongé, histoire de lui rappeler qu’il doit rester maitre de son véhicule.

 

Le sourire goguenard, Adrien lui rappelle qu’un père ne doit pas donner l’exemple de ses « écarts de conduite » à ses enfants, d’autant plus si ces derniers sont deux futurs jeunes conducteurs .

 

Il fait froid dans cette voiture.

Alex a froid dans le dos... Son fils a t’il pesé ses mots? Non, impossible... Adrien est un ado de 16 ans et demi.. il a donc la finesse d’un gamin de 14...

 

Le reste de la chaussure est plutôt souple et plat, limite avachi. Du bout du pied, Alex le glisse sous le tapis...ça va le faire... Maintenant il en est sûr.. il est tiré d’affaire.

 

Sa voiture est morte, mais son image  de mari et de bon père  de famille ne devrait pas trop en souffrir. Il est juste furieux... Elle l’a fait exprès, c’est sûr .. à part cette putain de Cendrillon , personne n’égare sa chaussure, surtout dans une voiture!!!

 

Chaumont sur Tharonne... La voiture glisse doucement dans l’allée. Le bungalow loué semble absolument parfait.

Alex est enjoué, ce voyage agité l’a tout de même conforté. Sa voiture est absolument géniale. L’assise est véritablement trop basse mais le reste est parfait.

 

Alors que les jeunes sortent les sacs du coffre,  quelques fringues de sport et les raquettes de tennis..  belle-maman se contorsionne sur la banquette arrière, en grommelant.

 

 - Mais je ne suis pas folle tout de même!  Ça ne disparaît  pas comme ça... Tout ça pour ne pas abimer le cuir de la nouvelle voiture...franchement j’aurais mieux fait de les garder aux pieds...

 

 

Isabelle vient à sa rescousse en rigolant... 

- Qu’est ce qu’il t’arrive maman?  Tu aurais mieux fait de quoi?

 

- Rien..rien... C’est juste que je ne comprends pas,  je ne retrouve plus ma chaussure!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Tu as de beaux pieds, tu sais!

Publié le par mapie

 

Jeune, jolie, brillante, appréciée dans sa vie professionnelle, et rigolote patentée dans sa sphère amicale, Emilie possède un appartement  qu’elle partage avec Gérard son chat. Appartement qu’elle rembourse chaque mois sans se serrer la ceinture - ce qui, pour autant, ne poserait aucun problème étant donné sa taille de guêpe à faire pâlir de jalousie Kim Kardashian.

 

Vous l’aurez compris, Emilie a tout pour être heureuse.

 

Et pourtant..  ses trois précédentes histoires sérieuses avec les hommes ont été des fiascos, toutes soldées par des ruptures douloureuses.

La première s’est achevée  après quelques années, sur un dépôt de plainte pour harcèlement physique et virtuel... la deuxième a stoppé net, en garde à vue, à l’issue d’une soirée agitée suite à des gestes d’amitié quelque peu déplacés, puis la dernière rupture avait été la pire ... l’abus de calmants et une bouteille de smirnoff plus tard,  Emilie avait eu besoin d’être inconsciente pour prendre conscience qu’elle avait un talent fou. Celui de ne savoir tomber amoureuse  que des hommes excessivement jaloux, ou maladivement infidèles...

Autrement dit, de toutes ses histoires sérieuses aucune ne l’avait été ... tout au moins aux yeux de ses partenaires.

 

- Il faut briser la boucle Emilie! Casser ce schéma dans lequel vous vous jetez  en permanence! Ne plus vous précipiter à coeur ou à corps perdu dans une nouvelle histoire... sans avoir pris le temps de prendre du recul. Prendre le temps, c’est réfléchir, calculer et puis seulement, vous investir dans votre relation... alors, alors... vous ferrerez le poisson...

Inscrivez-vous sur un site de rencontre... c’est une très bonne solution pour qui souhaite éviter de se laisser emporter par des sentiments préjudiciables!

 

En finir avec les rencontres stériles  et douloureuses, Emilie ne rêvait que de cela. Mais, au fond d’elle même, la petite fille intérieure rêvait encore du prince charmant, de la rencontre merveilleuse et de la passion durable.

Qui pouvait donc songer à l’Amour comme à une vulgaire partie de pêche? Réfléchir, calculer, investir et ferrer le poisson... C’était bien un conseil de  psychologue...

Emilie a fait ses recherches. 340 millions de personnes, dans 190 pays du monde, en plus de 40 langues différentes se sont inscrites sur Tinder. Il y aurait donc 340 millions de personnes potentiellement capables de « partir à la pêche ». De quoi se sentir moins seule...

 

Emilie, 29 ans, 1.68m, fine, brune et curieuse. Directrice des achats. Intéressée par les arts, le théâtre et le sport. Aime les voyages, la danse et son chat. Ah oui, et la cuisine japonaise...

 

C’est ainsi qu’Emilie a swipé à droite en voyant le profil de Paul ( un parisien , qui fait de la voile et raffole des Yakitoris... ). Il y a  6 mois déjà.

 

 

- Attends Paul, laisse-nous faire!

Ses trois amis, chacun plus éméché l’un que l’autre, riaient grassement en rédigeant le profil du perdant du jour.
Sportif, sûr de lui, plutôt bien fait de sa personne, Paul n’avait jamais imaginé se retrouver un jour en vitrine sur ce type de site, mais le challenge l’amusait. Après tout, il avait perdu aux fléchettes, et sa dernière histoire un peu sérieuse datait déjà de six semaines ... Paul se sentait libre de rencontrer, si ce n’est l’amour, au moins cette jolie Emilie en marinière rouge et blanche qui souriait sur l’écran.

 

Paul a donc swipé à droite en voyant la magnifique frimousse de la jeune trentenaire aux yeux clairs. Il y a 6 mois déjà.

 

 

- Salut, moi c’est Paul.  Tu es nouvelle sur Tinder?

- Oui - Bonjour Paul. Enchantée.

- On peut discuter un peu? Apprendre à se connaitre? Je ne maitrise pas trop ce type de discussions..

- On peut oui.. On, commence par quoi?

 

L’échange est banal.
Deux ados attardés qui se jaugent par écrans interposés.

 

- Tu fais quoi dans la vie?

- Je suis responsable d’une petite salle de sport à Levallois Perret.

 

- Sympa,  tu dois être bien bâti !

( oups... non, je n’aurais pas dû lui dire ça... )

- Ce que je veux dire c’est que tu dois avoir des abdos bétons..

 

- Euh.. on peut dire ça.. c’est un peu mon fond de commerce...

( oups,  non, ... ça craint, on dirait  « un gigolo »..)

- Ce que je veux dire c’est qu’un vendeur de soleil ne viendrait  pas se présenter blanc comme un linge...

( pff , ça aussi, c’est  nul ...)

 

- Dis moi Paul, on peut se parler par téléphone, si tu préfères... parce que là, j’ai l’impression qu’on n’est pas au top.😏🙃

 

Ce soir là, deux timbres se sont rencontrés. Deux timbres de voix enjoués, étonnamment connectés, assurément sur la même onde se sont parlés, écoutés, reconnus.

 

 

En raccrochant, Émilie se sentait légère, tellement légère, beaucoup trop légère pour ne pas perdre pied.

Il fallait réfléchir, ne pas se laisser planer comme une vulgaire bulle de savon qui allait virevolter puis valdinguer pour pleurer chez le psy, à peine la troposphère  dépassée.

Il fallait calculer, sonder Paul, valider qu’il ne cherchait pas en elle qu’une jolie minette de plus à ajouter à son palmarès. A en juger ses abdos, son sourire ravageur et son métier, tout cela n’augurait rien de bon.

 

Et c’est là, à cet instant précis, que sans même interroger Gérard, ni même  tenter d’« utiliser la question à un ami » Émilie a décidé de tester Paul de la façon la plus extrême qu’elle ait trouvé .

 

Le lendemain, sans plus attendre, mobilisant de son mieux l’intonation dramatique dont elle usait parfois pour négocier avec ses fournisseurs, Émilie annonça la nouvelle qui devait être le test ultime avant de s’autoriser à rêver d’une histoire avec cet homme parfait.

 

- En fait Paul, je ne viendrai pas faire une séance à ton club, ni demain ni plus tard. Je ne t’ai pas tout dit, et maintenant qu’on se connaît un peu mieux, je crois qu’il est important que tu saches...

J’ai une malformation qui m’empêche la pratique de certaines activités. On appelle ça un pied-bot.

- Tu rigoles? Tu as de beaux pieds? Je n’en doute pas!

- Nooon... un pied bot varus equin! Regarde sur le net et tu verras...  Rien de grave, juste un léger claudiquement que ma chaussure orthopédique corrige presque entièrement mais... bon...forcément... ça freine.

( Fébrile, Emilie savait qu’elle prenait le risque de freiner à tout jamais ce début prometteur, mais mieux valait le faire maintenant plutôt que trop tard...)

- ...

- Paul? Tu es toujours là ?

- Oui attends, je tape sur Wikipedia... oh merde.... C’est  quoi ce truc! Putain tu as ça sous ta marinière? Je veux dire , en bas, au bout de tes jambes?

- Euh...

( ça y est,  j’le perds... merde merde merde... en même temps... les images de wikipedia.. c’est un peu violent...)

- Ben du coup, on va pas pouvoir danser de rocks acrobatiques ensembles!   Ok, et sinon tu as d’autres secrets?

 

Oui, Emilie avait d’autres secrets, à commencer par cette petite flamme qui commençait à crépiter au creux du ventre.

Paul était drôle,  franc, sincère et pas con du tout.. pour un sportif!  Les semaines s’enchainaient et l’un comme l’autre tissaient des liens ténus, échangeaient leurs enfances, leurs douleurs, leurs mots tendres ... Et ce mensonge idiot qui avait été le sésame pour ouvrir le coeur d’Emilie était devenu aussi gênant qu’une écharde trop enfoncée au bout du doigt.

Plus les confidences intimes s’échangeaient, moins Emilie ne se sentait capable de revenir sur ce qui n’aurait dû être qu’une anecdote le temps d’une conversation. Ils avaient su parler, rêver et même projeter ensemble sans même avoir eu à échanger de photos ... Comment revenir sur une telle chose!

 

Puis la rencontre est devenue vitale. Les yeux devaient se croiser, les mains devaient s’enlacer,  l’évidence des corps devait s’exprimer...

Le rendez-vous avait été fixé  sur le parvis de Notre Dame à Paris, un clin d’oeil qu’Emilie espérait tourner à son avantage...

Plutôt que Quasimodo, Paul verrait apparaitre Esmeralda, magnifique jeune femme au physique parfait.

 

Paul se tenait debout, une petite rose blanche entre les mains. Signe de reconnaissance avait-il dit au cas où l’un ou l’autre n’ait un peu trop retouché sa photo de profil.  La rose d’Emilie dépassait de son sac Darel dernière collection. Jean, escarpin, petite veste de velour sur un top fluide crème... la démarche hésitante, intimidée .... elle avançait vers lui le coeur battant. 

 

Paul était en arrêt. Le sourire figé. Certes, Émilie avait ce mouvement délicieusement chaloupé des femmes rompus aux talons de plus de 8 cm, mais elle ne claudiquait pas tout. Depuis 6 mois, sa belle le menait en bateau.

Perplexité, incompréhension, colère, amertume... Paul avait la nausée.

 

A cet instant, elle n’était ni Quasimodo, ni Esmeralda... Non, Émilie était Frollo, le personnage qui entrainerait par amour Esmeralda dans sa chute...

 

En croisant le regard de Paul, elle comprit tout de suite combien elle avait blessé  le seul homme que pour rien au monde elle n’aurait voulu froisser.

Paul était bien trop franc, trop entier pour accepter un tel mensonge. Il voulait aimer l’Emilie qu’elle était, pas une Émilie inventée de toutes pièces.

Bien sûr qu’il se sentait trahi. Tant de conversations et d’échanges bâtis sur le mensonge...

 

Sourires gênés. Regards fuyants.
Le coeur au bord des lèvres Paul commence un:

 

- Je ne comprends pas... J’ai besoin d’...

- Paul, je suis désolée. A ce moment là, je ne savais pas. Je voulais juste me protéger au cas où tu avais été...

 

 - J’ai besoin d’air...

Et sans finir la phrase, sa rose dans la main, Paul se dirige vers le métro.

 

- ... au cas où tu avais été un salaud de plus...

 

 

Emilie regarde la cathédrale. C’est fou comme elle est triste...

Son « choeur » est devasté...


 

Une semaine est passée, longue, vide, muette...avant que le texto ne se remette à parler:

 

- Salut Emilie, c’est Paul, on peut se parler?

 

- (...)

 

- Emilie... tu sais j’ai réfléchi. Certes, tu as de beaux pieds, mais finalement tu dois être bien cabossée pour avoir besoin de tels subterfuges pour te protéger. Alors... tu ne m’as pas tout à fait menti... tu es bel et bien bancale ma chérie!

 

- (...)

 

- Emilie, ta photo de profil en marinière est mignonne, mais toi, tu es vraiment sublime...

 

-  Je sais... la photo, c’est juste pour le clin d’oeil!

 

- Ah enfin! Tu me réponds ! Ce clin d’oeil... Tu me racontes?

 

- Mmm... si tu veux, mais alors on se voit, car c’est une longue histoire ... une histoire de partie de pêche..

 

 

 

 

Emilie est heureuse.  La vie peut commencer. 

( Mon petit Gerard, je crois que cette fois ça y est, le poisson est ferré !  )

 

 

 

.

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Sauter en bouche

Publié le par mapie

Prenez une recette de cuisine et faites en sorte que sous votre plume cette recette de cuisine devienne un texte d'écrivain.

 

Exprimer  son amour, attendrir la bête, s’apprêter pour la fête... et prendre le maillet.

Puis, lui taper dessus à coups secs et rapides. Inutile de pleurer... il faut parfois être dur pour donner le meilleur, en cuisine, elle le sait.

Sur la couche de bois, où s’offre le morceau, elle se met à taper, taper et taper... puis son geste  brutal se finit en caresse,  lorsque le supplicié ainsi discipliné  offre une chair souple, parfaitement affinée, cinq millimètres.

 

 

Point d’excès de tendresse, on parle de tendreté. Cette viande au goût subtile est une pièce à soigner.  Ainsi va l’escalope, pour bien s’assaisonner,  elle nous fait volte face , puis va  se reposer.

 

Alors qu’elle se détend, toujours sur le billot, une cape de prosciutto - un enfant du pays- la voile de douceur, tel l’onguent sur les plaies.

Un papillon de sauge cousu sur son plastron relèvera son goût en toute fin de cuisson.  Pour le moment, il lui donne ce look inimitable des grands plats du pays.

Prestige de l’uniforme sans doute...

 

Sur le feu, Huile et beurre se mêlent , et tempèrent leurs ardeurs, pour honorer la star, coté viande bien sûr! Il faut que le veau dore...

 

Des larmes de vin blanc, un verre devrait suffire,  s’évaporent sur la viande, juste pour le fumet.

 

Le parfum qui s’exhale, aiguise les papilles.

Quelques courtes minutes, le temps de la cuisson, à couvert ... le décompte commence, bientôt ce sera l.explosion en bouche.

 

Saltimbocca alla romana

Saltare in la bocca

Sauter en bouche...

 

 

Elle réserve la viande et peaufine le jus. Un beau morceau de beurre, un peu d’eau pour les sucs... Si le jus est brillant, le moment est parfait.

 

Buen apetito

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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