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mes petites histoires

La petite reine à bicyclette

Publié le par mapie

sur une consigne algopolar d'algomuse (incipit en gras)

 

 

L’académicien avait disparu la veille de Noël et l’inspecteur s’interrogeait sur le bien fondé de l’achat d’un vélo électrique pour son épouse qui ne goûtait pas le sport en plein air.

Elle était plutôt du type « Pilates à domicile », ou éventuellement Yoga en salle. Une frileuse quoi… D’autant plus que malgré le réchauffement climatique, Noël continuait à tomber en hiver, et la pluie s’avérait froide comme jamais.

- Et le lien?

- Quel lien?

- Et bien le lien entre la disparition de l’immortel et le cadeau de l’épouse frileuse!

Ah oui, ce lien… eh bien, il n’y en a pas. 

Il faut dire que lorsque l’on est inspecteur, il faut savoir cloisonner. Ne pas tout mélanger. Interpréter les faits indépendamment les uns des autres, quitte à trouver un faisceau d’indices menant au même point.

De toutes façons, la disparition d’un académicien, la veille de Noël n’allait pas perturber la réflexion de l’inspecteur. Il tombait sous le sens que si l’homme sage avait disparu à cette date précise, c’était très certainement de son plein gré. Personne n’allait enlever un profil pareil.

Qui donc irait s’encombrer d’un immortel pour les fêtes? De quoi plomber votre repas de réveillon! 

D’ailleurs, la fouille de l’hôtel particulier de l’académicien allait en ce sens - Pas une trace d’infraction. Tout était à sa place, y compris la documentation complète des ateliers très renommés de « la petite reine à bicyclette», vantant les mérites de ses nouveaux modèles électriques. 

A la vue du catalogue, un signal d’alerte s’allumait alors dans l’hémisphère gauche du cortex cérébral de notre enquêteur..

Et si notre sage n’aimait pas le sport en plein air, lui non plus?

Et s’il était frileux, lui aussi!  

Et si l’idée même de faire du vélo le rebutait au point d’en prendre la fuite…

C’était un début de quelque chose… ou peut-être pas… mais dans le doute, l’inspecteur trancha. Il clôtura le dossier  par un coup de tampon  « disparition volontaire d’adulte consentant » puis s’affaira à trouver un cadeau mieux adapté aux goût de son épouse.

Manquerait plus qu’elle disparaisse elle aussi avant d’avoir pris le temps de cuisiner la dinde!

Publié dans Mes petites histoires

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Loin des yeux , près du coeur

Publié le par mapie

Algomuse: Un criquet rencontre une araignée 

 

 – J’ai essayé, tu sais. J’ai essayé. Mais ta photo de profil m’a vraiment terrifiée. Je crois qu’il serait plus sage de garder nos distances. Tu me tisses une toile par ci, par là, et je te stridule une ballade à la tombée du jour… et on s’en tient à ça!

– Mais, je croyais… tu m’avais laissé envisager un avenir commun… 

– Oui mais ça,  c’était avant!

– Avant? Avant quoi?

– Avant que je ne me noie dans ton regard multiple. As-tu seulement idée de ce que cela fait, pour un criquet comme moi, de plonger dans huit yeux à la fois alors que tu ne t’y attends pas?

J’ai cru tomber dans un traquenard. 

Tu n’es pas une, tu es plusieurs. C’est bien simple, j’ai eu si peur que j’en ai encore des sueurs froides qui m’empêchent de  jouer de la musique tant mes ailes sont trempées.

– Ne sois pas si frileux. Tu me savais araignée. Je vais te tisser un pull et tout sera réglé. Viens. Fais un pas vers moi. Juste un pas.

– C’est que… un pas,  je peux,  mais toi, encore une fois, je ne le supporterais pas. 

Tu es trop pleine de pattes, et ça c’est effrayant. 

Chez toi, tout est par huit, nous sommes trop différents!

– Saches que je n’ai qu’un coeur que tu viens de briser!

– J’aimerais vraiment t’aimer Tarentule, tu le sais, mais là, pour mon malheur, vraiment,  tu me fais trop peur!

 

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L’ambassadeur

Publié le par mapie

contraintes algomuse en gras.


 

Monsieur Guillou, vous êtes ici devant les principaux média de ce monde pour témoigner de votre fantastique découverte. De quoi s’agit-il exactement?

– eh bien.. appelez-moi Gérald…

Avant toute chose, sachez que je n’ai pris aucune substance psychotrope, que je ne bois pas et que la seule raison qui m’ai menée à cette découverte  n’est pas une conviction  écologique ( ce qui eut été je le conçois beaucoup plus louable), ni même  idéologique ( je sais à peine expliquer ce mot), mais une tendance à ramasser tout ce que je trouve comme autant de trésors potentiels.

– Venez-en aux faits Gérald, ou plutôt venez-en à l’objet  recueilli  ce matin-même sur la plage Saint-Guirec aux premières  heures du jour! 

– Comment vous décrire cet objet… C’est une espèce de plateau nacré comme pourrait  l’être un coquillage, si toutefois il en restait sur notre beau littoral. Sur cette sorte de tablette plus surnaturelle que naturelle, des pages d’écritures s’affichent comme autant de tableaux lumineux réfractant le soleil. 

– Tout cela est fascinant, pouvez-vous nous lire le contenu de ces écritures?

 

– Bien évidemment, je suis ici pour cela. Le tout premier texte dit ceci:

Dimanche 24 février 2041

 (S’il vous plaît, laissez de côté vos préjugés! Je perçois votre scepticisme, mais toutes sortes de choses tombent du ciel que nous n’avons pas encore ramassées! Il est probable que ce soit le cas de cet objet… )

– C’est entendu, poursuivez…

– Dimanche 24 février 2041

 Je ne suis pas sûr de sortir indemne de tout cela mais je ne vois pas qui d’autre que moi pourrait se lancer dans une pareille aventure . Je suis de ceux qui croient encore en notre terre.

Les fusées partent sans discontinuer des quatre coins du globe pour un ailleurs incertain. Elles polluent l’atmosphère sous prétexte de fuir une planète saturée.

Je veux étrangler les rumeurs qui circulent depuis des décennies.  Je veux mettre fin à l’agonie de notre société dépressive. Rien est fichu. Tout reste à faire.

Pour cette raison, je me présente aujourd’hui-même à la présidence de l’Etat Monde. 

Il est grand temps d’orchestrer, que dis-je de ré-harmoniser les choses !

N’allez pas imaginer que je sois mégalomane. 

Je sais que je m’expose à un tsunami de « chefaillons » aigris par delà les frontières ( frontières qui n’ont d’ailleurs de raison d’être que pour alimenter les guerres intestines). Nous sommes un peuple, croire que nous sommes plusieurs n’a pas plus de sens que de croire que notre salut est ailleurs que sur la planète bleue.

Constatons:

Noé a tenté l’arche

Elon a tenté spacex

Moi je ne tente rien 

et c’est bien là toute la stratégie! Je ne tente rien et je m’engage ici à vous convaincre d’en faire autant avant qu’il ne soit trop tard.

Nous autres les êtres humains devons apprendre à  vivre avec ce que l’on a et surtout avec ce que l’on est.

Je dis et j’affirme que la terre est encore riche et promise à pourvoir à notre avenir et celui de nos enfants. Inutile de fuir par les eaux ou par les mers! Rendons à la terre ce qui lui appartient, elle nous rendra nos vies et notre avenir commun.

Je sais, je sais…. Ce ne sont que des mots, mais je vais y arriver.

 Il me suffit pour ça d’anticiper et de nommer ambassadeur , celui qui lira ce texte.

Si tu lis cette page, toi l’homme du passé ….

– ( je crois qu’il me parle à moi…)

 alors agis en conséquence:

Transmets ce message, communique de par le monde, agis sur l’individualité pour faire oeuvre commune.  Moi président de l’Etat monde. Je suis ton avenir commun. 

– Voilà.

– Et cela s’arrête là? pas d’autres pages?

– Si si… sans aucun doute mais je n’ai pas pu lire la suite. On est en Bretagne…

– Et donc?

– C’est évident… Il faut du soleil pour agir par réfraction… Mais soyez confiant, entre  deux averses , je lirai la suite et je vous en ferai part…

 

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La clim

Publié le par mapie

Ecrit sur les contraintes de l’algomuse en gras.


La veille de l’arrivée de Gilbert, le moustique femelle avait  contracté un parasite lors d’un repas bien arrosé  près de la veine jugulaire d’un ressortissant de Mombasa  en escale. L’homme de commerce n’était  pas bien frais puisqu’il était porteur de la malaria. Le jeune insecte encore peu à même d’en reconnaître le goût s’était alors gorgé de sang frelaté.

Gilbert,  commandement de bord de la ligne Roissy- Mayotte  faisait à l’époque jusqu’à deux ou  trois escales par mois à  Saint Denis.

Allergique à la climatisation qui lui donnait des vertiges et de fortes fièvres,  il avait pris pour habitude de descendre dans le seul petit hôtel sympathique non climatisé près de l’aéroport. 

L’anophele femelle, puisque c’est son nom, attendait sur le plafond du petit bar de l’établissement, l’arrivée du pilote pour pouvoir trinquer à son insu avec l’homme de haut vol.

La chose fut faite . Vite et bien faite . 

Puisqu’à peine dix jours d’incubation suffirent à Gilbert pour déclarer une  fièvre terrible, digne d’une clim ma réglée, tandis qu’il était à nouveau en escale sur l’ile.

Décision fût prise de renvoyer tout l’équipage sur d’autres lignes et de confier Gilbert aux bons soins du couvent de Cluny.

La mère abesse le prit sous sa protection et les soins donnés  lui firent beaucoup de bien.

Mais le pauvre homme délirait encore souvent , tant et si bien qu’il demandait en mariage à peu près toutes les nonnes qu’il croisaient dans les travées du couvent. Puis il fondait en pleurs, déclamant à  l’injustice, devant tant d’amour non partagé.

– « Le moyen de se rendre aimable, c’est d’aimer « mon fils  lui répondait l’abbesse qui citait Jacques Amiot, comme  Gilbert citait Caliméro.

Une jeune novice fut néanmoins  touchée par la fragilité de l’homme et prit goût  de s’en occuper.  Cette maladie est de longue durée… ils convinrent donc de se marier.
«  La mondialisation  a ca de bon… qu’on ramène le paludisme à la maison! » avait prit l’habitude de dire Gilbert fier de son infirmière…

A la télevision , Bruckner  faisait la promotion de son tout dernier livre:« La mondialisation, c’est d’abord la mondialisation du doute quant à ses bienfaits […]

– Chérie vient voir.. Bruckner doute encore!

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A une tuile près

Publié le par mapie

Contraintes algomuse : un fakir, un usurier,un prince 
sous le meme toît  - le coeur sec

 

Feriez-vous cohabiter un prince, un usurier et un fakir sous le même toit , vous?

 

Bien sûr que non.

Même le meilleur des contes pour enfant ne trouverait pas de moral suffisamment pertinente pour justifier une telle promiscuité !

 

A moins que …

A moins que le prince ne soit désargenté . Totalement ruiné par une conjoncture si  mauvaise que même son château ne vaille plus un clou. La colocation étant la seule issue honorable, le prince ferait alors une annonce auprès de la population pour y offrir le gite en échange de menus services, le temps de rétablir sa condition.

 

Voilà, donc, où nous en  sommes  …

A un détail près… le château ne vaut plus grand chose, mais il vaut:  un clou.

 

A la vue de la petite annonce, l’usurier avait tout de suite compris que siéger au château donnerait du poids à ses affaires. Une adresse prestigieuse améliore les commandes.

L’homme peu scrupuleux saurait valoriser un château qui valait des clous. Il eut l’idée ( il faut le reconnaître,  assez brillante)  de s’acoquiner  avec un fakir en pleine expansion professionnelle.

 

Le pauvre prince qui n’avait profité que d’une éducation lacunaire et dont la principale qualité était de se réjouir d’un rien, se félicitait de trouver aussi rapidement de pareils voisins de palier. Ainsi donc, la colocation  avait-elle débuté.

Ni une, ni deux, les 3 colocataires firent la paire… ( et oui, il faut bien reconnaître que la mixité sociale de tous temps, reste un sujet compliqué)…

Le prince vivait donc assez seul et désœuvré pendant que les deux autres s’agitaient ensemble à finir de le dépouiller.

Sous prétexte de la réparer, le fakir désossait la toiture. Pas un clou ne résistait. Les tuiles tenaient par la force du Saint Esprit.

L’usurier touchait un pourcentage sur chaque clou et raflait la mise en se frottant les mains…

Tout cela à la barbe et au nez du prince qui n’y vit goutte jusqu’à … L’hiver.

 

Il faut dire que l’hiver est arrivé en automne cette année là… et des gouttes,  le prince commença à en voir tomber dans son verre de rosé dès l’heure du souper.

Ainsi, tandis qu’il s’épongeait la tête en mirant vers le ciel qui menaçait entre les tuiles disjointes de la toiture, eût-il un doute quant à la qualité du travail effectué.  Il vint donc à leur parler.

 

Les hommes au coeur sec et au porte monnaie à présent bien garni, prirent la mouche face à une telle ingratitude et lui claquèrent la porte au nez.

 

La violence du choc fit trembler le château.

Les tuiles s’amoncelaient sur le tapis mouillé.

L’hiver serait long. Le prince le savait. Mais il voyait le bon côté des choses, en regardant le sol, car après tout…  « il n’était plus à une tuile près ».

 

 

 

 

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La machine à tricoter sur pieds

Publié le par mapie

Contraintes: un conte, un bélier, un ingénieur, un nom inventé…

Il était une fois, dans une petite ville cossue du nord d’on ne sait où, un jeune élève-Ingénieur débrouillard et touche à  tout.  Plutôt  frileux et toujours affublé  de vieux tricots maintes et maintes fois reprisés, il aidait à la tonte des moutons de la ferme, quand lui vint une idée.  

Ses études une fois terminées, c’est fraîchement diplômé qu’il s’installa à la ferme pour se retirer dans un atelier reculé dont il ne sortait que pour piocher un ou deux ovins  qu’il finissait  toujours par relâcher parfois tondus, parfois tressés, une fois même colorés avec des dreadlocks pailletées. 

Inutile de vous dire, combien les villages alentours conversaient  du sujet… 

Quelques tours opérateurs commençaient même à insérer la visite des prés  pour tenter d’admirer un ou plusieurs laineux tricotés sur pied.

Car c’est bien de cela qu’il s’agissait. 

A la ferme de Wylisa, on allait inaugurer :la machine à tricoter la laine directement sur le dos des moutons. 

Ce procédé extraordinaire permettait de conserver la fibre le plus longtemps possible dans son état naturel, de manière à ce que la pièce de laine sorte solide, belle et surtout avec des finitions parfaites. 

Chaque mouton inséré en début de parcours, ressortait d’un couloir  en portant un pull tricoté à col roulé, coloré, prêt à être vendu en l’état.

Choisir sa taille revenait simplement à choisir un mouton. Le rayon agneau  revêtait des barboteuses toutes plus mignonnes les unes que les autres. 

Ce jour là, les grandes marques de négociants en lainage se massaient autour du podium où la machine avait été installée . Les vieilles femmes du village ne pouvaient s’empêcher d’écraser une larme en voyant leur savoir-faire ainsi piétiné. A quoi donc allaient-elles servir à présent que leurs aiguilles allaient être remplacées par des machines?

Pour le final de sa démonstration , notre ingénieur a réservé un mannequin de choix. Il allait mettre en valeur  la pièce tendance de la saison. 

Celgemlas, un bélier aux magnifiques cornes enroulées était reconnu pour sa laine dense et pour son port de tête valorisant. 

Celgemlas monte alors sur l’estrade. Il est nerveux. Depuis quelques temps, il en a assez de se faire tricoter la laine sur le dos. D’autant plus qu’il est inquiet . Nous sommes le 1er décembre, et il se dit  qu’une vilaine mode consiste à faire des pulls moches avec d’affreux ornements pour Noël.

Celgemlas a sa fierté, il ne se laissera pas ridiculiser. Pas devant les plus  grandes usines de filatures du pays!

Sous les yeux de tous, il monte donc dans la première machine. Il s’agit de l’étape la plus plaisante:  la coloration. Celgemlas se baigne dans des bacs au senteurs de betteraves , une odeur suave et terreuse qu’il connaît bien  et qu’il apprécie. Il se laisse donc pomponner sous les regards curieux, tout en restant méfiant de la tournure que pourrait prendre les choses.

Puis vient le deuxième robot: 

Allongé sur le ventre notre ovin se laisse « papouiller ». Des petits crochets aux bouts arrondis démêlent sa toison, étirent sa laine, la chauffe pour la sécher et entament une danse pour la tricoter.. L’animal apprécie , s’étire, et  déguste sous l’oeil avisé des professionnels quelques feuilles de laitues et autres graminées. L’animal sort ainsi vêtu de son propre pelage coloré, sous les yeux ébahis de la foule. 

Vint la troisième machine. Celle -ci était nouvelle. Elle se met à  agrémenter  notre « pull sur pattes » de deux gros yeux en feutrine , d’un nez rouge en pompon puis d’une affreuses paires de bois de rennes en faux cuir marron!

Celgemlas s’agite.

Il fulmine. 

Sous les yeux de la foule et les flashs crépitants, alors que le jeune inventeur s’apprête à l’attraper par les cornes pour embrasser son pompon rouge et s’incliner heureux et satisfait  devant la foule…

Le fier bélier soulève le jeune homme et d’un coup de tête l’envoie dans le bac de coloration. 

Non mais sérieusement ! Il ne servira pas de matière première à un pull moche de Noël!

Affublé de ses atours hideux et peu qualitatifs, le mannequin laineux traverse alors la foule silencieuse et abasourdies. 

Les vieilles tricoteuses jurent à qui veut bien l’entendre qu’en sortant  le bélier a déclamé

– C’en est trop! Les ovins ne se laisseront pas  manger la laine sur le dos, plus qu’il ne faut!

Depuis ce jour, notre ingénieur arbore des cheveux roux et des pulls de qualité uniquement colorés et à col roulé. Les tricoteuses, elles, se sont spécialisées dans l’ajout de pampilles à customiser les pulls fraîchement sortis de la nouvelle usine à tricoter sur pied.

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Le faire-part

Publié le par mapie

Contrainte: une invitation à diner chez quelqu’un que l’on déteste…

 
  

 

– Je te préviens, s’ils s’attendent à ce que je mette un smoking… C’est mort!

Non mais sérieusement, tu as vu l’enveloppe? Et ce texte… C’est d’un pompeux…

– Ben quoi, c’est chic et plutôt cossu!

– Plus tape à l’oeil, il n’y a pas!  C’est fou ce besoin de se faire remarquer tout de même !  Ils ne peuvent pas faire comme tout le monde, un petit coup de fil, un sms, ou une invitation à la volée?  C’est simple, on dirait… un faire part de mariage, leur truc!

– Mais Éric! C’est… un faire part de mariage!

– Oui, ben voilà … tu vois! Quand je te dis que c’est tape à  l’oeil…

Tu en connais beaucoup toi des gens qui se marient et qui s’en vantent en plus, en m’invitant à diner ?

Franchement, regarde le… Il est  moche ce faire-part… Il manque de personnalité ! On dirait  un mailing! 

 Moi si je me mariais , je ferais un truc plus cool. Une vidéo d’invitation tiens. Quelque chose qui donne envie, parce que là, je vois pas trop qui pourrait avoir envie de répondre favorablement à une telle invitation à diner!

  De  toutes façons, tu n’as jamais pu les supporter ! Laisse tomber, on leur fera un petit cadeau et je répondrai que nous ne sommes pas disponibles .

– Mais c’est injuste! Ce n’est pas moi qui ne les supporte pas! C’est eux qui sont insupportables !

– Peu importe cela revient au même! 

– Mais pas du tout! C’est à eux de ne pas venir! Je ne vois pas pourquoi nous nous priverions d’une invitation à diner à cause de deux mal embouchés!!!!!

 

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Hôtes at home

Publié le par mapie

contraintes Algomuse : la capricieuse, le spécialiste, l’épouvantail et deux expressions : avoir des mollets de coq et briller de mille feux

 

Elle lui a demandé, en minaudant : 

– « Dis-moi un de tes  talents cachés! »

Comme il ne voulait pas tomber dans un de ces pièges grossiers qui vous font perdre la partie avant même de l’avoir commencée,  il s’est souvenu que les  femmes aiment les hommes qui cuisinent, alors, Il lui a vendu l’image du cuisinier gourmet. ( en oubliant au passage qu’il ne savait  pas faire une omelette!)

Dans un sourire à tomber, elle lui demande:

– «  La prochaine fois, tu nous mijotes un petit diner chez toi?»

Que ne ferait-il pas pour répondre  au caprice d’une femme…

Il l’avait conquise. Sur un malentendu, certe, mais conquise pour au moins le temps qui séparerait cette première  soirée de la deuxième. Ce qui était en soi une performance.

Mais depuis, c’est le vide. A peine rentré  chez lui, son frigo l’agresse, son four le menace , ses plaques l’effrayent… Même son fameux sandwich pain de mie, jambon, mayo n’a plus de goût.

C’est simple, il n’ose plus mettre un pied dans sa cuisine dont l’îlot central déborde sur le salon, de peur  d’avoir à penser à ce fameux dîner. 

Bientôt 17 heures.  Rien n’est fait. Ni les courses, ni le ménage, ni la table…   

Si elle ne part pas en claquant la porte, c’est certain, elle avalera son repas en faisant une moue dégoûtée, puis sous prétexte de ne pas avoir bien supporté le vin, lui dira qu’elle préfère ne pas tarder… Un spécialiste , voilà  ce qu’il était. Un spécialiste des deuxièmes rendez-vous ratés. Pourquoi n’avait-il pas opté pour l’oenologie plutôt que la gastronomie?

Acculé, il attrape le téléphone, recherche « diner a domicile » et tombe sur « Hôtes at home », un service à domicile plutôt bien noté. 

– Bien monsieur ,  tout sera prêt pour 19h… vin compris. Doit-on vous apporter une tenue?

– Euh.. non .  Je comptais  m’habiller seul merci. 

– C’est que dans le forfait nous fournissons également le tablier sale, les cheveux en pétard et l’air un peu contrit d’un épouvantail sorti en urgence de sa cuisine! C’est absolument imparable, monsieur! Elle tombera sous le charme! Soyez-en sûr! 

– Ah… et bien si vous avez tout cela… pourquoi pas. 

– Et le parfum d’ambiance? Plutôt cuisine enfumée… ou parquet fraîchement ciré?

– C’est à dire que je n’ai que du carrelage… Ce n’est pas un peu trop, toute cette mise en scène pour un diner?

– C’est que, monsieur, le coq au vin aura mijote depuis quelques heures.  Il se doit d’embaumer votre intérieur… mais n’ayez crainte, nous fournissons le diffuseur d’odeur «  coq mijoté », avec quelques traces sur le carrelage, il personnalisera  votre diner. Assorti à quelques bougies qui rapidement rétabliront l’ambiance, ce sera parfait.

– N’y a t’il pas moyen de trouver un plat un peu plus… enfin, un peu moins…mijoté ? C’est pour un premier diner à la maison voyez-vous? Je ne suis pas sûr que le coq soit un plat très sophistiqué.

– Voyez- vous ça! Le coq au vin est l’un de nos mets les plus exquis! Ne vous y trompez pas! On ne juge pas à ses mollets la bête à cuisiner! Je blague, mais je dois vous préciser que c’est là, le fleuron de « Hôtes at home ».  Pas une réclamation. Vous ne serez pas déçu.

Et si ce soir, vous ne brillez pas de mille feux aux yeux de madame, c’est moi qui chanterai dès l’aube sur un tas de fumier!

– ok ok… Banco pour le coq! Je mets la table, je prends ma douche et je vous attends

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La loge

Publié le par mapie

Contraintes algomuse: elfe, concierge, philosophe et lâcher pieds et  être perché…
 

 

Jérôme est le concierge du 44 square des peupliers.

Cet homme n’est pas petit.  Non. Il n’a juste pas grandi.

Dit comme cela, c’est assez illogique, et pourtant… Il existe de grand homme, de petite taille n’est ce pas?

Jérôme fait partie de cette catégorie là.

Il a pour habitude de dire qu’il est comme sa loge : «  plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur ».

Et « qu’il est tout prêt à vous la faire visiter (sa loge!) , à condition, bien sûr que vous n’ayez pas un ego démesuré… car comme toute loge, on ne peut pas pousser les murs ».

 

 

 

Dans la résidence, les ados l’appelle l’elfe ou le farfadet. C’est sans aucune méchanceté, car voyez-vous, ces jeunes le connaissent depuis leur tendre enfance. Chacun d’entre eux a su déceler la grandeur nichée dans ce petit homme, en saisissant naturellement l’amplitude qu’il avait su donner  dans un « format » qui leur était encore familier.

 

Sa loge est à peine plus grande qu’un mouchoir de poche, et pour sortir les poubelles il lui faut déployer ses muscles et toute son énergie qui viendra à faiblir plus vite au fil du temps.  Mais pour le moment… il survole les taches ménagères avec une habilité extraordinaire et déclame à qui veut l’entendre que « le pouvoir des petits  est de tout voir  en plus grand ».

 

Il faut dire que Jérôme  n’est pas une personne normale.

Il est un peu  « perché ». Il a ce truc qui permet de voir le quotidien avec drôlerie. Du haut de son mètre 37, il domine la vie , les choses, les gens.. quitte à leur « manger des petits pains sur la tête », ce qui peut même les agacer.

 

Voyez, monsieur Simon, par exemple,  dont la plaque annonce qu’il est psychologue au premier étage.  Il dit de Jérôme « qu’il a quelque chose de plus que tout un chacun, et que cela lui vient sans doute de l’adversité, une sorte de philosophie de vie qu’il se serait construite afin de faire face aux difficultés qu’il aurait rencontrées ».

 

Et bien , Jérôme lui, répond que les psychologues perdent trop de temps à chercher à  trouver des causes. Parfois il faut savoir juste lâcher pied. Concierge, elfe, philosophe ou bien encore savant fou, Jérôme est tel qu’il est parce qu’il accepte les choses telles qu’elles sont.

Et là Jérôme … il lui mange des petits pains sur la tête… à monsieur Simon, et monsieur Simon, il n’aime pas cela!

 

 

 

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Raide dingue

Publié le par mapie

Consigne algomuse : deux citations Lord Byron et Jules Renard et deux personnages : une vampe , un hareng et des couloirs

  

 

 Tout en elle est exagéré: sa beauté, son esprit, son flegme, sa démarche, son regard… Elle a quitté l’entreprise voilà un an, jeune, jolie et un brin timide pour revenir à présent dans une version « améliorée » d’elle-même dont elle maîtrise parfaitement les codes.  

Si tu la voyais sortir de l’ascenseur le matin, elle regarde alentour d’un air conquérant, puis marque de son empreinte parfumée la totalité des bureaux vitrés. Les regards se lèvent, attirés naturellement vers elle et suivent sa démarche chaloupée.

 Tu te souviens du couloir. Les bureaux donnent tous sur ce couloir à la moquette usée, délavée , d’un gris bleuté. Un rat pourrait courir que personne ne le repérerait.

Sauf peut-être .. elle. Oui , elle, elle le verrait, car le rat s’ arrêterait sur son passage à demi-sonné pour la laisser passer.

Je me rends bien compte que je suis en train de te dire  qu’un rat pourrait tombé raide dingue de cette femme fatale. Mais, c’est exactement ça. Peut-être même qu’il tomberait raide mort en regardant Emma.

– ah ben moi, « Si jamais une femme me fait mourir, ce sera de rire.»

– mm… attends Renard, je te raconte la suite et on en reparle…

– Pourquoi, elle a fait quoi ta vampe, elle a tué un homme?

– Non, mais c’est tout comme…

 Tu te souviens de Denis, le comptable du petit bureau du bout du couloir… Tu sais, celui qui vient en moto dès 7 heures le matin pour pouvoir récupérer ses enfants à l’école à 16 heures le soir. Il est classe, marié, très amoureux de sa femme, avec deux enfants adorables…

Et bien… Denis n’est plus de ce monde. 

– N’importe quoi, je l’ai aperçu tout à l’heure!

– Non.. tu as cru le voir, mais celui que tu as vu ce n’est pas Denis. C’est…. Le Hareng !

Je t’explique… Emma est allée le voir dès son retour de congé. Elle devait régler tout l’administratif pour son retour.  Il est tombé sous son charme dès son entrée dans le bureau. Il la regardait sans discontinuer, hochant la tête à chacun des mots qu’elle prononçait . Il ne quittait pas ses lèvres du regard. Elle parlait, souriait, en faisant des mous que seule une femme fatale sait faire. C’était… c’était… 

– Gênant ?

– Non…plutôt inquiétant…très inquiétant car Denis semblait se vider de  sa substance.

– Et..?

Et une fois qu’elle a obtenu ce dont elle avait besoin. Elle lui a caressé la joue, tout doucement en lui demandant de reprendre vie. Elle le menaçait en minaudant de lui faire du bouche à bouche s’il se trouvait mal. Cela n’a fait que le plonger encore plus profondément dans son apathie.

Consciente de l’effet produit, elle lui a porté le coup fatal en lui demandant de cesser de la regarder avec des yeux de poisson mort, sinon elle finirait par croire qu’il s’agit bel et bien d’une sardine ou d’un hareng!

Et depuis, elle ne l’appelle plus que par ce petit sobriquet, et tu penses bien que tout le monde se fait une joie de l’imiter. 

Denis est mort. Vive le Hareng.

– Mais alors, qu’est- il donc arrivé à la douce et timide Emma de l’an dernier?

 Quelqu’un sait il ce qu’elle a fait durant toute cette année ? Et surtout comment en est elle revenue avec des armes aussi affûtées?

– Difficile à dire.. certains parlent d’un stage de prise de confiance en soi un peu intensif, d’autres d’un amour tumultueux… mais tu sais ce que disait lord Byron:

« Les dames ont un tact qui, lorsqu’on leur fait subir un interrogatoire un peu trop pressant leur sert merveilleusement à se maintenir à distance de la question: ces charmantes créatures mentent avec tant de grâce, que le mensonge leur sied à ravir »

Il est clair que quoi qu’elle dira , le mensonge siéra à Emma. Je serais toi, je ne chercherai donc  pas pourquoi Emma la douce est devenue Emma la vampe. Il est sûr que cette femme là ne fait pas mourir que de rire.

 

Publié dans Mes petites histoires

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