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il me manque les mots

Burn out contre black out

Publié le par mapie

 

 

 

Lorsque le soleil brille et que la douceur du printemps promet de belles journées, tout est possible ou plutôt rien n’est impossible à celui qui aime d’amitié.

Des week-ends en terrasse, on en a colligé avec ou sans alcool, avec ou sans maris, avec ou sans enfants, avec ou sans amis, mais toujours avec.... elle et moi réunies.

Nous pleurions de rires et de peine, partagions quelques rêves, évoquions notre enfance. Nous convoquions nos démons et leur cassions la gueule à deux, car à deux, tout est plus facile.

Parfois lorsque l’une d’entre  nous tombait dans un abîme, l’autre l’accompagnait ou la hissait sur ses épaules, le temps de... C’était si naturel que cela ne coûtait qu’un peu de nous même. Donner de soi-même, n’est ce pas  le sens même du partage?

 

L’amitié est un lien extraordinairement puissant. Il défie le temps et la distance... et puis, et puis un jour.. non, un instant, non, non plus... un « espace temps indéfini » le glissement se produit.

 

Et le chaos s’engouffre. Black out.

 

 

 

Elle me parle de disputes, puis de séparation... de pleurs, de cris, de trahisons... Cela fait vingt ans et quatre enfants qu’ils sont ensemble... De quoi se penser hors d’atteinte...

- Tu le sais toi, tu le sais qu’on a traversé des crises et que celle-ci n’est pas pire que les autres! 
Je suis fatigante et j’ai mon caractère, mais il l’a aimé ce caractère trempé , ce n’est pas comme si mon désordre et mon franc-parler dataient d’hier!

 

Alors qu’elle fouille nerveusement dans mon frigo pour y dénicher une bouteille de blanc entamée, je l’observe, muette, depuis le canapé du salon.

Elle est comme ça Ines, chez elle dans mon frigo comme dans ma vie, et j’aime ça.

 

Au fond d’elle-même,  je sais qu’elle se dit que les choses vont rentrer dans l’ordre, car après tout je suis là, moi... Je vais lui rappeler que la douceur du printemps promet de belles journées...

 

D’ailleurs,c’est ce que j’aurais fait, si seulement j’avais pu.

 

Si seulement le glissement-ce faux plat insidieux- ne s’était imposé dans ma vie  impunément . Depuis quelques temps, petites déconvenues, tristesses accumulées, rêves inachevés, frustrations récurrentes, que sais-je encore, se sont imposées jusqu’à annihiler toute ma vitalité. Sans m’en apercevoir , je m’étais vidée, fragilisée de l’intérieur. 

 

A l’extérieur, mon Ines, elle, était en plein chaos.

Qu’attend t’on de sa meilleure amie quand on est dans le chaos? De la compassion, de l’aide, de l’accompagnement, de l’écoute, du temps, de la présence... beaucoup... oui, on attend beaucoup... J’aurais donné tout cela si seulement j’avais pu.


Je tente fébrilement  un

- mais il a emporté toutes ses affaires?

Suivi platement d’un

- parce que si ce n’est pas le cas, il reviendra.. c’est sûr... d’ailleurs c’est sûr, il reviendra...

 

Depuis toujours, Ines et moi partageons nos déconvenues, mais aussi nos bonheurs. Sa faculté à voir du cocasse dans chaque situation la rend inégalable, imprévisible et attachante comme personne. Là où certaines pourraient être pesantes ou intrusives, elle, sait être drôle, décalée et surtout attentionnée . Mais pas là, car sa peine est immense, et sa colère aussi. 

 

Et malgré cela, je suis inapte à l’aider. Je pèse une tonne. Comment pourrais-je y ajouter le poids d’une telle amitié ? Pire encore, pour la première fois, un écran invisible semble nous séparer. J’ai honteusement déployé, je crois, une «cape d’immunité ». Je ne sais plus l’écouter. Les ondes sont brouillées.  Je suis sur « batterie faible »... mes voyants sont au rouge.

Que suis-je donc devenue? Incapable de donner de moi même au moment nécessaire.  Inapte à l’empathie pour ma meilleure amie.
Je ne suis pas désarmée. Je sais qu’il y a en moi le nécessaire pour l’aider à passer ce cap si compliqué. Je n’ai juste plus la force, je suis vidée, épuisée, impuissante à user de mes armes. Il me semble que les utiliser pour l’aider, reviendrait à en user contre moi-même.

Est-il possible de se faire mal à faire du bien?

 

- C’est un coup de fatigue me dit-on.

 

Quelle est donc cette fatigue que l’on ne peut surmonter au nom de l’amitié?

 

- Une baisse de moral, un véritable épuisement, l’effet d’un surmenage... Burn-out.

 


 

 

 

Sous ma cape d’immunité, une colère sourde grandit et me dévaste plus sûrement qu’un feu de Saint Jean, il crépite les adjectifs : égoïste, incapable, inutile et faible ...

Tandis que mon corps et mon esprit sont en pilote automatique, mon coeur, lui, fait route à part. Il pleure.

 

Burn out face à black out...

 

L’amitié est un lien extraordinairement puissant. Elle, ne m’en voudra pas... Nous panserons nos plaies, en terrasse, sous le timide soleil prometteur du printemps.

 

 

 

 

 

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Est ce que ce monde est sérieux?

Publié le par mapie

La circulation est fluide, tant pour le covid que pour les voitures. Je traverse la place de la République dans la froideur hivernale, les sens en éveil et les orteils gelées.

Mes impressions cohabitent, s’entrechoquent, et se noient dans un flot de questions assourdissantes. Une révolte passive implose dans ma tête pour laisser place à l'alternance de flashs d'incompréhension, de gratitude, d'amusement, d'agacement...

Formuler l’incompréhensible...ou l’indicible, chercher à y trouver du sens en jouant avec l’ordre des mots.... telle est la quête du jour.

 

Empruntant le trottoir comme tous les autres gens, je l'aperçois, calé derrière sa "couverture-porte".  Calfeutré entre l'entrée d’une brasserie condamnée par la pandémie et un rideau de "survie" jaune d'or,  l’homme s’est constitué un "chez lui", avec une vue imprenable sur l'agitation de la place... 
Seul dans son une pièce-terrasse de 80cm2, il regarde une vidéo sur une tablette reliée à un smartphone.

Je le vois. Je l'observe, un peu comme un passant regarderait dans le salon illuminé d'une maison à la nuit tombée. Je pourrais presque l'envier tant il ne semble pas souffrir du froid, lui...

- Comment peut-on dire une chose pareille? Cet homme est à la rue!

- C'est bien la raison pour laquelle je ne le dis pas. Je l'écris... voilà tout.

Une interrogation me traverse et retraverse l'esprit. Comment un homme sans domicile, peut-il concilier une vie dans la rue et le top de la téléphonie et des objets connectés?  Est ce que Darty déstocke en ce début d'année?

Je sais que je ferais mieux de me demander pourquoi cet homme se retrouve seul sur le trottoir et dans le froid... Mais quoi? Suis-je la seule à trouver étrange cet état de fait?  

Acheter un téléphone est moins cher que de louer un logement mais tout de même... On n'obtient pas un téléphone ou une tablette  à se caler derrière l'oreille comme on réclame une clope au passant...

Toutes ces questions sont sans doute incorrectes, et malvenues... Mais, dans quel monde vit-on? Un monde où les réseaux sociaux et les vidéos sont plus utiles à la survie que la chaleur d'un foyer?

Cet homme va t'il retourner ce soir dans un lieu sordide pour dormir, ou va t'il rester là, avec son téléphone pour seule compagnie...

Je suis passée. Je ne pouvais tout de même pas m’immiscer dans son intimité même si celle-ci  commence sur une marche d’escalier.  Je ne fais pas une découverte. Je sais que la misère est dans la rue... mais j'avoue, que la misère ne m'a jamais semblée aussi... cruellement moderne qu'à ce jour.

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Un peu plus loin, dans une ruelle pentue, alors que je suis de nouveau au chaud dans ma voiture, un vieux monsieur barbu, un peu hirsute, tire un cabas à roulettes. Démarche lente et fatiguée, solitude apparente. Le soleil de midi éclaire la rue droit au dessus de nos têtes. Il fait toujours aussi froid. Il s'arrête, dresse sa face vers les rayons du soleil et sourit.

Seul au monde, il profite quelques instants. S'il savait le ravissement qu'il me procure à moi, qui le regarde depuis le siège accompagnateur...Un pur délice. Une flocon de douceur .

Ne rien gâcher. Juste apprécier l'instant. Cet homme en s'arrêtant a arrêté le temps, et je me prends à apprécier aussi la douceur caressante des rayons sur son visage ridé.

Le soleil est décidément un bien commun, qui contrairement au sol, ne peut être monopolisé. Chacun peut en profiter, si tant est qu'il le sache. Assurément cet homme lui, le sait.

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Sur les quais de Jemmapes où l'on aime à se promener, un homme étend son linge: un  polaire terne et de couleur improbable. Sa tente Quechua est ouverte.. Croyez vous qu'il aère???  

Il est en pull et ne semble pas avoir froid... suis je donc la seule dans Paris à souffrir de l'hiver?

Je souris bêtement face à l'ironie des choses.

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Sur le boulevard, un père et ses trois enfants prennent l'air et s'agitent et s'ébrouent. Des gens comme vous et moi, ou peut être juste comme moi... sauf que... sauf qu'eux, rien ne les étonnent plus.

 

C'est juste comme cela n'est ce pas... juste comme cela... un seul monde... un monde pour tous, mais habité différemment...  et une seule vraie question : 

Est ce que ce monde est sérieux?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Inutile d'en connaître la date

Publié le par mapie

 

 

Tomber les faux semblants du "la vie est belle et plus forte que tout".

Il est absent. Je le sais moi. Il est absent, c'est tout.

Fleurir  sa tombe n'y suffit pas, pour le sentir plus vivant.

L'âme parfois est si lourde ici-bas que l'élan vital aussi  vigoureux soit-il n'est pas suffisant pour avancer .

Et cette date fatidique qui approche.

Ce moment que tu te remémores si précisément et que tu n'as aucunement envie de revivre pour toi bien sûr mais aussi pour tes proches.

C'est idiot comme une date peut avoir de l'importance... 

Je n'ai jamais aimé les anniversaires, je les trouve stigmatisants, stressants, contraignants. Et de toute évidence,  cela ne devrait pas aller en s'arrangeant.

On change de monnaie, on change d'heure , on change de saison, pourquoi ne changerions nous pas de calendrier plus souvent..

J'aimerais me perdre dans les dates. 

J'aimerais vivre ma vie mais ne pas savoir quand. 

Ni échéance, ni rappel, juste les souvenirs et l'envie de fêter la vie. Je voudrais continuer à me projeter  comme avoir envie de m'arrêter ou de me souvenir, mais quand je veux. Oui seulement quand je veux. 

Alors si la date arrive, je ne veux pas le savoir.

Inutile pour moi de savoir qu'il nous a quitté il y a un an pile déjà, car pour moi il nous quitte chaque jour et cela depuis... non,  inutile d'en connaître la date.

Alors si.  Bien sûr que "la vie est belle et plus forte que tout".

Il est présent. Je le sais moi. Il est présent partout.

Mais franchement sans cette notion de temps, tout me semblerait tellement moins pesant.

 

 

Publié dans Il me manque les mots

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Car tu restes présent..

Publié le par mapie

En chacun d'entre nous, il y a un peu  de celui qui n'est plus. Il y a ces souvenirs chargés d'amour et cette nostalgie triste . Il y a cette colère ou cette frustration sourde et profonde. Il y a aussi cette espérance car sans espérance à quoi bon.

En chacun de nous, il y a un peu de celui qui est plus... plus que jamais absent, et plus que jamais présent, plus que jamais ancré, plus que jamais en nous. Et le fait qu'il soit là, juste au coeur de nous même, juste au coeur de nos vies, nous appelle à nous recentrer sur l'essentiel.

Beaucoup de gratitude pour ce que nous avons. Et une certitude, celle d'avoir au fond de soi une flamme de Vie, sur laquelle souffle  pour mieux l'attiser, celui qui est passé dans la pièce d'à côté.

 

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Tous feux éteints...

Publié le par mapie


J’ai fermé les yeux , juste pour voir ( terme très usité chez celui qui n’est pas atteint de cécité). 


2 min … J’ai tenu 2 minutes , peut-être moins, sûrement moins… le temps de monter les escaliers en me tenant à la rampe, dans le noir le plus complet. 
Des sons, des bruissements, un courant d’air, des chocs … des menaces, et mêmes des caresses agaçantes car impromptues... voilà ce que j’ai ressenti ou craint de ressentir.

Mon cerveau triche. Il sait que cela ne saurait durer, le stress n’est donc que transitoire et moins profond. 
Mon coeur en revanche, pleure, en imaginant  ce que cela peut être pour celui qui vit tous feux éteints et ne peut rien envisager d’autre qu’un univers sans couleur. 

Petit frère, quant à lui, ne sait pas. Il n’envisage pas. Il vit c’est tout…et c’est beaucoup, mais il subit aussi… 
Quelles sont ses joies, ses peines, ses souffrances.. je ne sais rien, je n’ai jamais su. 
Sur ce point là, je suis comme lui, dans  le noir le plus complet. 

Mais si je peux agir à ma mesure, et l’éclairer à ma façon, ce sera sans doute en priant pour qu’il soit baigné de sérénité.

Un peu comme cette plénitude que l’on ressent à la faveur d’un rayon de soleil  en écoutant la musique de Beethoven. 
Cette chaleur d’un rayon qui vous caresse avec douceur et s’invite à vous sans pour autant vous surprendre. Cette même chaleur semble capable d’illuminer vos cellules internes, les combler et les éclairer de bien-être. 

J’ai fermé les yeux… J’ai pensé à tout cela… et je crois que j’essaierai de réitérer cette expérience un peu chaque jour en priant le Seigneur d’éclairer mon petit frère de cette douce chaleur.

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Miroir blessé

Publié le par mapie

Texte écrit sur la consigne des impromptus littéraires: La magie des miroirs 

 

 

Petits éclats de verre sur un coin de coiffeuse
Morceaux éparpillés, fêlés, brisés, coupants…

Sans doute aurait il mieux valu que tu acceptes son image plutôt que de coller un pain à ce miroir en laissant éclater ton reflet.

Petits bouts de toi même épars, disséminés, gisants..
Au rejet de ta face, tu nies ce que tu es.

Alors  tu recomposes , tu recolles bout à bout, quelques morceaux de toi au risque d’en laisser une partie  en chemin. 
Tu colmates, tu lisses, tu fais briller tout ça… puis tu cherches à insérer  ce miroir dans l’ovale antique, originel de ta coiffeuse…

ça n’entre pas, ça n’entre plus… Tu t’agaces, tu limes, quitte à devoir en casser le cadre antique… 
Ta coiffeuse ne ressemble plus à rien, ta vie est dévastée. 

Tu rachètes un miroir, puis un deuxième, puis un troisième… tous se brisent à ton seul coup d’oeil.

Petite âme blessée, le miroir de tes yeux lui même est fissuré.

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ensembles et unis

Publié le par mapie

ensembles et unis

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une épaisseur se créé...

Publié le par mapie

Je tape un mot et puis un autre sans trop savoir où me mènera la thérapie que je m'impose en écrivant mes sentiments.

 Les idées qui habitent l'âme de celui qui respire sont inégales, déstructurées, dès lors qu'il  réfléchit à de trop grands sujets.

Des impressions fulgurantes de tristesse et d'espoir, de regret, d'amertume, de nostalgie et d'ignorance…puis l'évidence de beauté, de force et de densité des choses…

Lorsque la Vie est en jeu,  l'essentiel apparait. Une épaisseur se créé dans les sentiments de celui qui ressent la force du lien noué à l'être aimé.

On dit qu'on ne se révèle que dans l'adversité. Moi je crois que c'est là que l'on voit plus clairement où l'on se doit puiser. Si nos forces sont humaines, l'Amour est plus que ça. Il panse le désespoir, il arme le guerrier.

Le cœur parle, le cœur dit, le cœur entend, le cœur cherche, le cœur espère, le cœur crie.

Lorsque la vie est en jeu, une épaisseur se créé. Tous les liens se resserrent autour de l'être aimé.

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