Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Frayance

Publié le par mapie

La France n'était plus.

L’An un l'avait brisée.

Elle avait tout simplement dû être rebaptisée... Unanimement, par un vote éclair comme chaque décision qui devrait être prise désormais.

 

Frayance. C’était son nouveau nom.

Un nom qui respectait l’égalité des voyelles et des consonnes.

Un nom au titre évocateur de liberté, de marche vers l’inconnu  où l’on pouvait frayer...

 

Un vent d’effroi régnait sur le frayancais. L'Etat s’était mis en quête d’une « sorte de tolérance imposée de la différence exhibée »…

 

Droit au sol. Droit à disposer de la vie, de sa vie, de ma vie des fois qu’elle serait mieux que la tienne, du sandwich du voisin pour peu que la mayo ne soit pas allégée (car qui dit moins de cholestérol dit inégalité)...

Droit à être aussi jeune que son propre fils, aussi cultivé que le vieil homme dont l’empirisme n’est qu’une distorsion de l’esprit, puisque la valeur n’attend pas le nombre des années mais bien au contraire ( "l’ancien" demeure trop conservateur pour ouvrir la voie…) Droit à être aussi blanc que l’albinos et crépu que l’ivoirien ( qui d’ailleurs n'est plus africain mais bel et bien Frayançais, plus encore que le non crépu, pour «  l’égalisation des droits égalitaires »...)

 

Egaliser. Niveler. Gommer. Tronquer… Abattre les différences… Griser, Estomper…

Frayance ne jurait plus que par cette idée…

 

Ici, l’on rabotait les Eglises dont le clocher dépassait la mairie. Là où ils n’étaient pas, on imposait des quotas.

Les supermarchés foisonnaient de ventres arrondis sur mesure… Les nouveaux nés arrivaient neutres de couleur , neutres de sexe, neutres de culture afin de pouvoir modeler leurs paramètres en fonction des besoins.

Egaux.

Tous égaux.

 

Frayance était devenu un mythe, un incroyable lieu. Où l’on venait de partout, où l’on usait mais jamais l’on n' abusait.

Non.  Abuser eut été sans accord préalable.  Or l’Etat par l'un de "ses votes éclairs" avait accordé à chacun le fait d'être chez lui, chez le Frayançais, par égalitarisme. 

Si  par hasard le  frayancais, venait à se sentir abuser, il s’en félicitait  et courrait vite pleurer à de nouvelles mesures égalitaires appropriées.

 

Gris mais égaux.

Tristes mais heureux de l’être.

Vivants mais vides de tout.

Effrayants, mais Frayançais.

Partager cet article
Repost0