Le crayon de Dieu...
(écrit sur une consigne des impromptus:
Le poète Aimé Césaire a écrit : Le crayon de Dieu lui-même n'est pas sans gomme. Prenant cette phrase comme incipit, proposez-nous un texte en prose ou en vers...)
« Le crayon de Dieu, lui-même n’est pas sans gomme ». Aimé Césaire
Lorsque tombe la neige sur les champs de bataille, les silhouettes des hommes arme au poing, âme errante se profilent sous le drap de l’hiver qui leur ravit les dernières tiédeurs de leurs corps sans vie.
En couvrant l’agonie d’une couette duveteuse d’un ton blanc virant tout doucement au rosé irisé, l’estompe de la gomme contraint l’humanité au nécessaire accès à sa lucidité.
Sous la neige : la souillure, les ratures, les horreurs qu’elle a fait.
Sans mémoire de ce qui eut pu être, de ce qui eut dû être, nulle trace de rédemption, de conversion, de regret, de remord. Nul espoir d’un meilleur, pas de vie… le chaos.
Cependant que la gomme efface, il reste des traces. De celles qu’on n’oublie pas.
Quoique… les erreurs se succèdent, le maillage de nos failles se resserre et l’histoire ressasse une humanité déglinguée.
L’œuvre qui nous est confiée, se voit diminuée, usée, raturée… si bien qu’à trop gommer, Dieu « entame » le papier.
Pourvu que Dieu nous laisse sur la page sans tâche, le bonheur de poursuivre une vie bien meilleure où le crayon est sans gomme et le trait plein et assuré…